dimanche 25 avril 2010

Lettre une.

Je commence une peut-être longue, ou plus que brève, ou unique, ou seule, ou que sais-je, une longue série que je baptiserai Lettres de l'Interdit. Il s'agit de ce que je ne suis pas foutue de dire, pas capable de dire, là où le courage me manque, là où j'ai peur de briser.
Si ces lettres doivent être vues elles seront vues, si tu me lis tu les liras, ou peut-être les ignoreras-tu si tu dois les ignorer. J'espère qu'elles auront une valeur, puisque d'avance je sais que leur beauté atteint des sommets - mais leur taille ?

Il s'agit plus encore que jamais d'étalage de chair, je m'éventre sans pudeur - j'en tremble d'avance - je pourrais aller en vomir.



(D'avance, je te décerne une lettre choisie par mes soins, par pudeur tout de même)






***



F,

Le jour où j'aurais su te parler aurait tout libéré. J'aurais été le naturel à l'état de nature, l'être que je suis, seulement tu le sais mieux que personne - ici personne n'a le droit de faire sortir son monstre.
Désormais il s'agit de cela. Je t'avais interdit de le différencier de toi de cette façon, m'obstinant - bancale ! à te le faire l'accepter. Pour cela il eut fallut que je prenne moi aussi soin du mien, plutôt que de le laisser grandir dans tous les sens.
Je me figure un monstre (qui n'est en fait que ma réalité) qui s'étire dans tous les sens, ma folie, ma grande folie ! elle éclate désormais, non pas toute entière mais plus encore qu'avant.
Elle appuie parfois si fort sur mes poumons que j'en suis incapable de respirer tout à fait, elle devient physique ! Le crois-tu. Cette force m'émerveille et m'émerveillera toujours, malgré le dégoût que j'éprouve pour elle (mon amour!) et qui grandit.
En effet, comme dit, j'ai oublié d'en faire quelque chose (peut-être s'agit-il de quelques minutes, jours, semaines... mois ?), et donc elle m'est assez étrangère. Je la vois déborder de chaque côté, non pas virulente mais effrayante.
Quelque chose est mort, ou est né, en moi, le soir, la nuit passés. Ce matin j'ai marché, sanglante, et ai croisé une personne de notre connaissance qui s'est affreusement effrayée.
Je suis persuadée qu'il s'agit d'une sorte d'aura, ce fameux shining que je n'arrive pas à contenir. Cette exacerbation est peut-être due aux substances que je n'ai de cesse d'ingérer depuis une très courte durée, j'y crois peut-être si je prends en compte les quelques valeurs décrites par des Hommes que nous connaissons bien.
Il ne s'agit pas tout à fait de cela que je souhaite t'écrire en réalité, mais nous avons tout les deux tendance à nous emporter n'est-ce pas ? Quoique paradoxalement tu en aies moins honte que moi.
La raison de cet actuel mélodrame est dû dans l'immédiat à quelques-unes de tes phrases qui encore une fois m'achèvent. Elles me font réaliser que j'ai oublié de t'aimer assez fort -

Ce que tu as fait, plutôt vous, ça a marqué la fin de quelque chose. De quelque chose qui me touchait moi, et qui me permettait de m'évader. De cette putain d'ambiance morose et malsaine d'en ce moment. De toute cette merde qui régit mon état actuel.


Je ne le supporte absolument pas, étant donné que je m'en sens coupable - tu m'interdis d'y mettre les sentiments, n'est-ce pas ? Mais tu ne me feras pas démentir le fait qu'ils te plaisent tout à fait, qu'ils t'enchantent, et que tu te plais à passer les nuits endormi sur moi plutôt que sur n'importe qui d'autre. J'y mettrais parfois l'idée que tu voudrais bien y passer chaque nuit. Hier encore je m'étonnais, comme je n'aurai de cesse de m'étonner, à ce que tu ne t'éloignas pas de moi : mais tu te rapprochais au contraire, et c'était si indiscret pour une fois que j'y ai vu ton envie de poser ta tête pour t'y reposer. Je suppose que je dois capter quelques énergies, bien que les mots soient faux. Tu y dors mieux que nulle part - tu n'y reviendrais pas avec la douceur d'un enfant si cela n'était pas le cas.
Et quand tu te réveilles en sursaut, tu tournes ta tête vers moi, tes yeux se défroissent et se déplient, ta mine est brouillonne et tendue - mais je suis là. Chaque fois que tu m'as vue sous toi tu t'es rendormis. Tu as cherché ma main sans la trouver tout à fait, et tu savais sans vouloir le savoir, le croire ? qu'ainsi tu m'explosais doucement le cœur.
Il m'est certain que tu y mettrais volontiers plus encore d'interdit, et de violence, mais par peur d'y laisser mon ventre, tu n'en fais rien avant d'être sûr.
Et quand je me décide à t'abandonner tu reviens, ta petite tête chaude et pleine d'amour. Tu es mon enfant aussi sûrement que je suis la tienne, et l'idée de laisser partir mon amant d'une foi révolue me donne la nausée, et l'envie d'y mourir d'avoir trop paniqué.
Tu m'as prise toute entière sans précaution, et en faisant l'erreur de ne pas m'accepter. Quand le poids a pesé sur ta tête une fois qu'elle n'était plus de ton son poids sur mon corps protecteur, tu as réalisé qu'elle était mauvaise... Dieux ! Qu'allons-nous faire ?
J'avais fait mon maximum et les cartes étaient entre tes mains, mon seul choix possible étant la destruction.
Je choisis de t'oublier - mais quoi qu'il en soit, la folie a échappé et plus jamais je ne serais le stéréotype.

Profite au moins que l'on puisse t'aimer tellement.
Je déteste Sarah.

vendredi 23 avril 2010

Elle n'a été que mon reflet.
Ce n'est pas elle qui est morte mais moi.
J'y songe si fort.
J'attends une échéance, un déclencheur, l'interrupteur, il doit bien y avoir quelque chose.
Je veux en finir si fort.
Une mort cérébrale serait parfaite.

jeudi 22 avril 2010

Pureté

L'absence m'est pesante.
L'absence m'est pesante depuis bien longtemps.
Sur le moment je me dis que la plus haute frustration est celle d'y toucher sans pouvoir y faire tout à fait, et finalement je dis avec certitude - et je pourrais vous regardez dans l'œil sans fléchir autrement que par émotion - je dis, et sans retenue aucune : je pourrais passer une vie, je voudrais passer une vie, sans rien demander de plus, tant qu'il est à mon épaule.
Je m'étonne de demander si peu mais m'en satisfait sans grand effort - si j'avais le choix réel j'en demanderais bien plus, mais l'idée est telle que je ne puis, et me réjouis d'avoir le droit à tellement.
Là est le fruit de toutes les tentations, dont je peux aussi bien être la tentatrice ; ainsi quand je lutte peut-être pourrais-je me reprocher, par les grandes alliances ! d'interférer à son jugement.
Faire ainsi partie des damnés ne m'est accordé parce que je l'accueille en mon ventre chaud et ma passion est grande, de façon générale, sans préciser autant son objet.
Je suis sûreté. Je ne suis pas l'équilibre - mais de t'avoir chaque jour accroché ne serait-ce qu'une heure, inverserait la tendance. Ainsi, tu serais aussi bien que possible. (Euphémisme)
Bien sûr, une heure ne suffirait jamais, comme je demanderais finalement toujours plus, mais n'oserait ouvrir mes dents pour le dire- Et, trop heureuse d'avoir si peu, je n'en demanderais pas tant.

samedi 17 avril 2010

Je commence réellement à étouffer. Je continue de me nourrir d'Art mais pour la première fois j'ai l'impression d'arriver à une échéance. Je ne tiens plus, plus rien ne tient, je me figure des jarretières bleues et toutes petites, sur aucune peau, ou sur toutes, très impersonnelles. Elles tirent très fort sur des bas de satin, de soie, de dentelles, il y a des fils d'argent, d'or, et du coton. La peau s'il en est est naturellement très blanche. C'est insupportable. La gorge me tire du bas de mon ventre au plus haut de mon esprit, je n'y tiens plus. Bientôt je courrai dehors pour crier du plus fort qu'il est possible, et un cri semblable s'échappera. Chaque amour en sera déchiré.
Je crois que je suis en train de mourir.
Je suis presque prête à supplier tant je sais ma cause justifiée. Je me mettrais à genoux, tenterais la violence, la douceur, je tenterais tout, l'œil toujours aussi profond cependant. Je n'y tiens plus, je suis douloureuse.
Je me figure la tête renversée, des drapés légers et infinis cerclés, et un tour ineffable.

Putain.

Eurydice.

Si elle passe sur la supérieure, l'amertume s'obscurcit.
Ces temps-ci ont ça de cruel que tout implose. Hier était merveilleuse, l'œil bleu et la douceur à la main. Tout semble se précipiter, comme dans un état d'urgence, pour laisser s'éclater les vagues contre la paroi. J'ai tout perdu.
Il y a ça de plaisant à savoir que l'enfant a été convertit en confettis, que l'idée d'aucune perte peut se faire.


Et dans cette longue et profonde mélancolie, cet astre matinal enchante nos sens, et avec cette infinie légèreté, nous transporte loin -bien loin- vers l'océan.



J'ai voulu le garder. J'aurais par ailleurs voulu tout préserver, la main serrée et lâche, je ne t'enferme pas : je te libère. Mon seul but, au fond, doit-être de te montrer quels horizons je connais et de me réconforter dans une nuque semblable.
Je ne suis pas de celles qui mordent à l'épaule l'œil sanglant, la folie des amoureuses ! Je suis l'Eurydice des Passions sans trop y toucher.

La seul inquiétude serait que tu n'y cédas pas, fuyant ton unique.
J'ai peur de ne jamais me remettre de t'avoir représenté ainsi.

jeudi 15 avril 2010

I've lost the common sense.
L'enfante a tout ruiné. Les bleus, les profonds ; et le seul venait d'un souffle éteint et resplendissant. L'ombre a quitté. L'Homme est. L'art est prêt a tout tuer.
L'Art a survécu.

dimanche 4 avril 2010

If you can just place your hands in my hair.
Know you like it.
Know you really do.

vendredi 2 avril 2010

1.

"C'était être soulevé de terre, au-delà de la peur et des tourments, faire partie d'une entité plus vaste que moi-même. J'étais arraché de la sombre caverne de mon esprit pour fusionner avec quelqu'un d'autre... (...) C'était le premier pas vers l'univers - au-delà de l'univers - dans lequel et avec lequel nous ne faisions plus qu'un pour recréer et perpétuer l'esprit humain. Expansion et explosion, rétraction et recommencement, c'était le rythme de la vie - de la respiration, du battement de coeur, du jour et de la nuit - et le rythme de nos corps mêlés éveillait un écho dans mon esprit. "
Daniel Keyes. Des fleurs pour Algernon