Je ne sais pas si c'est la période qui le veut. Ou peut-être est-ce nous, dans ce désir de perdition qu'on découvrira peut-être chez les jeunes gens, de façon sûre cette fois, avec du retard aussi. Ou peut-être qu'il s'agit uniquement d'un état de pourriture avancée. Peut-être.
Tout ce qui se profilait de façon assez sûre pour ne pas songer au suicide imminent, ce qui en réalité sentait déjà la mort, se recroqueville jusqu'à être oublié. Il semblerait, dans un état contemplatif, que tout se replie autour de moi en me murmurant "c'est de ta faute". Les répétitions, celles qu'on avait le droit d'appeler ainsi, se sont arrêtées depuis le premier concert. Comme si le début marquait une fin.
Je m'évertue à débourser trop d'argent pour ma situation afin de revoir des gens qui m'oublient aléatoirement. Je fais un pas pour compenser l'absence du leur. J'en viens à me demander si le principe de l'amitié, principe au nom stupide sur lequel je crache désormais, n'est pas censé, lui au moins, se baser sur une réciprocité. Qui me court après ? Après qui je cours ? Je cours éternellement. Alors qui me cours après ? une personne qui le murmure à mi-mot et que j'ai du retenir pour éviter sa mort prématurée ?
Un père qui mourrait de son absence ? Et puis non, nous avons abandonné tous les deux depuis bien longtemps. Une mère ? J'ai oublié le sens de la communication.
On passe, le temps de refermer ce bouton, à cette manche, de l'état de plénitude douloureux et absent à vouloir se prendre cette voiture, celle-là, ou celle-là, à chaque coin de rue, peu importe le goudron, pourvu qu'il m'envoie en l'air pourvu qu'il...
Cette rue autrefois si effrayante, son absence de sons, cette lueur qui guette et ses reverbères qui ne tiennent pas la route, a pris le goût insipide et amer du mensonge : on dirait que ces chalets ont été montés pour l'occasion, de papier de verre et de sang. La terrible maison de laquelle je m'échappais pour faire l'amour n'importe où n'importe quand avec n'importe qui est désormais un refuge affreux mais vital.
La solitude semble être bien plus sûre que n'importe quoi d'autre.
Sonnez simplement ce soir, l'appartement vous est ouvert.
Personne ne viendra. Et je ne courrai après personne.